i/o The Tour – la master class de Peter Gabriel

Bon, je vous avais annoncé revenir plus souvent, et 6 mois plus tard, je reviens avec Peter Gabriel.

Bah oui, je vous ai laissé avec l’annonce des nouveaux morceaux et de la tournée… depuis, il s’est passé plein de choses! les voici dans le désordre:

6 nouveaux morceaux, avec à chaque fois 2 variantes de la chanson, laissant le soin à chaque fois à 2 personnes d’effectuer le mixage final (Bright Side Mix ou Dark Side Mix), avec la volonté de montrer le poids que peut avoir un ingénieur du son dans le mixage final.

J’avoue que parfois les nuances proposées ne sont pas évidentes à entendre, mais la démarche est intéressante, et cela permet en fait qu’à chaque pleine lune un morceau inédit et publier, et à chaque nouvelle lune la version alternative! Pour les fans, après ces années d’absence, cela permet d’avoir régulièrement une nouvelle écoute à faire! L’album sera complet en décembre d’après ce que j’ai compris!

Le concert

Et la tournée a commencé, bien évidemment. Je suis allé le 8 juin dernier au Hallenstadion de Zürich pour assister à ce show de 2h40 totalement fabuleux! Elle court toujours si vous ne l’avez pas vu, mais elle est déjà pas mal passée dans les zones francophones!

Tout d’abord, quelques mots sur la formation. Peter Gabriel (73 ans tout de même ) a fait appel à ses fidèles musiciens :

  • son guitariste depuis les années 80 David Rhodes (67 ans),
  • le mythique bassiste Tony Levin (77 ans),
  • l’extraordinaire batteur Manu Katché (65 ans), et
  • Richard Evans le multi-instrumentiste (depuis les années 80 aussi mais âge inconnu).

A cette fine équipe, il a ajouté quelques jeunes très intéressants: Don McLean aux claviers, Josh Shpak aux cuivres (ce qui est rare avec PG) et Ayanna Witter-Johnson, brillante chanteuse et violoncelliste.

La mise en scène

Comme d’habitude, Peter Gabriel nous offre un spectacle grandiose, qui utilise des technologies pas toujours vues sur les tournées, mais sans faire une démonstration « pour en mettre plein les yeux ». Non, les éléments récurrents (un écran géant rond inclinable au-dessus de la scène, avec 2 écrans géants rectangulaires de chaque côté) s’enrichissent parfois de miroirs, de panneaux alternants la transparence et la projection d’effets. La scène est large, et il l’utilise dans tous ses recoins; devant, pour un moment acoustique au début, les côtés, car il ne tient pas en place lorsqu’il n’est pas derrière son clavier, et une rampe en fond de scène utilisée surtout par Ayanna Witter-Johnson. Tous ces éléments sont utilisés pour des projections artistiques différentes en lien avec le morceau joué. Il a travaillé avec plusieurs artistes pour tout ce qui est les « tableaux » utilisés pour les nouveaux morceaux. D’ailleurs, avant le début du concert, l’écran rond était utilisé comme horloge, avec un « orange boy » (membre de l’équipe technique – concept utilisé depuis longtemps dans ses tournées) qui efface les aiguilles, et les remet au bon endroit en temps réel!)

Voici donc un petit aperçu de ces effets, pris avec mon iPhone depuis assez loin, ce qui explique la qualité moyenne de la résolution.

Et la musique ?

Là, c’est la claque… après une intro tout en douceur et nuances en duo acoustique avec Tony Levin sur Jetzt kommt die Flut (version de Here comes the flood en allemand qu’il n’aura joué qu’ici et en Allemagne, il me semble… les autres ayant droit à Washing off the Water). Il enchaîne avec une version acoustique, accompagnée par l’ensemble des musiciens de Growing Up, chanson que je n’imaginais pas aussi dingue de cette manière!

Puis, les instruments s’électrisent et la suite verra s’enchaîner les nouveaux morceaux, ceux déjà sortis, comme les inédits (6 en tout à ce moment de la tournée), entrecoupés des morceaux plus « classique »!

Un plaisir total pour l’ensemble de ces morceaux, le public étant réceptif aux inédits, mais l’ambiance monte d’un cran sur les classiques tels que Sledgehammer, Solsbury Hill, Digging in the dirt et autres.

D’ailleurs, le public, quoique plutôt âgé, et une disposition du Hallenstadion assis, a fini debout sur l’enchaînement totalement fou des derniers morceaux.

Il est à noter que la magie Peter Gabriel fonctionne toujours… de quoi s’agit-il ? De faire passer un concert dans une salle immense pour un concert intimiste. Il prend toujours soin d’introduire les chansons, les musiciens, ou les tableaux projetés dans la langue « du coin ». Là, il a quand même abandonné l’allemand au bout de la 5e intervention pour l’anglais, ce qui m’a arrangé!

Enfin, que dire des versions, toujours réinventées, de ses classiques ? J’espère donc que comme d’habitude, il fera des versions live de cette tournée afin de pouvoir les avoir dans les oreilles! Il a terminé comme d’habitude avec Biko, moment d’échange poignant avec tout le public et ce rythme entêtant qui cogne encore une fois terminé.

D’ailleurs, quel bonheur d’assister à certaines versions punchy comme la tournée du Growing Up Tour, mais avec Manu Katché à la batterie! D’ailleurs, je tiens à dire que le binôme Tony Levin + Manu Katché est pour moi le meilleur tandem basse/batterie que j’ai entendu tout artistes confondus. Ils sont rythmiquement impeccables, groovent d’une manière irrésistible et peuvent envoyer du lourd sur les morceaux plus rock, mais avec leurs pattes mélodiques si uniques!

Bref, 2h40 pour un concert de Peter Gabriel, c’est la garantie d’un show imbattable, unique (car il change la setlist selon les soirs) et inoubliable.

Cet artiste n’annonce jamais vraiment quand vont sortir les nouveautés, et depuis plus de 10 ans, il n’annonçait pas grand-chose, tout en disant travailler sur des inédits. Je crois même que i/o était annoncé depuis 2004 ou 2005… bref, il prend son temps… mais le résultat est incroyable. Sa musique est intemporelle, et il donne pour moi une leçon à tout le monde autant sur la composition, sur le show et sur une forme de simplicité malgré la taille de la tournée. Ce n’est jamais pour en mettre plein les yeux. C’est fait pour servir un moment d’échange.

Je vous mets pour le plaisir le compte-rendu du concert à Bruxelles, qui est un bonheur à lire et dans lequel je me retrouve totalement!

https://www.rtbf.be/article/peter-gabriel-en-concert-en-belgique-un-concert-haut-en-couleur-11209467